ISBN-13 : 978-2-74360-843-9
Auteur(s) : Hölderlin
Genre
: Poesie
Année de parution : 2001
Editeur : Rivages
Collection : RIVAGES / POCHE - PETITE BIBLIOTHÈQUE
Résumé
"Durant toute la première moitié de sa vie, Hölderlin est resté presque inconnu ; la démence, durant la deuxième moitié de cette vie, l'a maintenu dans une étrange absence où, du monde des hommes, il ne voyait plus que les images des saisons." C'est en ces termes, désormais traditionnels, que Philippe Jacottet ouvre son édition des oeuvres de Hölderlin dans la Bibliothèque de la Pléiade. Et, quelques pages plus loin, il donne à cette "absence" le nom qu'il juge lui convenir : "La folie avait obscurci plus de la moitié de ses années." Cette "folie" a une histoire. Après trente-deux ans d'une existence studieuse, marquée par quelques amours malheureuses, quelques amitiés fidèles, un labeur poétique intense mais encore presque confidentiel, Friedrich Hölderlin s'engage, en janvier 1832, comme précepteur des enfants du consul d'Allemagne à Bordeaux. Au bout de trois mois, pour une raison inconnue, il rentre en Allemagne, à pied. En juillet il arrive chez sa mère, à Nürtingen. Il est, paraît-il, méconnaissable. Sitôt arrivé, il apprend la mort du grand amour de sa vie, Suzette, la femme du banquier Gontard. Hölderlin est très agité, violent, incohérent ; pourtant il écrit alors certains de ses plus beaux et grands poèmes. Puis il s'apaise un peu. Il publie des traductions de Sophocle. Mais son état demeure si précaire qu'il doit abandonner rapidement la charge de bibliothécaire de la Cour du landgrave de Homburg, pour aller en clinique. Il y passe un an, sans améliorations notables. Alors, en 1807, on le confie à un menuisier, Zimmer, volontaire pour l'accueillir chez lui, à Tübingen. Il installe le poète au premier étage de sa tour donnant sur le Neckar : il va y rester jusqu'à sa mort, trente-six ans. La "folie" aura coupé sa vie en deux parties égales. Mais, alors que la première moitié aura donné naissance à une oeuvre exceptionnellement originale et forte, puissamment "moderne", la deuxième n'aura accouché que d'une cinquantaine de courts poèmes, dont beaucoup consacrés, en effet, aux "images des saisons", et d'un style où l'on cherche en vain le génie si particulier de la première époque. Ce sont ces poèmes (que l'on désigne souvent, depuis la traduction qu'en donna Pierre-Jean Jouve, sous le titre de Poèmes de la Folie) que l'on trouvera réunis dans le présent volume de Poésies 1807 1843. Rien de moins fou, à vrai dire, que ces poèmes. De son voyage à Bordeaux, Hölderlin avait pris soin d'expliciter l'effet et le sens dans une lettre à un ami, dès 1802 : "L'élément puissant, le feu du ciel et le silence des hommes, leur vie dans la nature, humble et contente, m'ont saisi constamment, et comme on le prétend des héros, je peux bien dire qu'Apollon m'a frappé." Mais Apollon ne rend pas fou : il incarne l'excellence morale, la vertu, il est le dieu de la musique et de la cadence, de la prophétie, de la lumière, et c'est aussi le protecteur des troupeaux. Ce dieu est dès lors, pour Hölderlin, en quelque sorte la leçon de Gascogne, qu'il va transplanter au bord du Neckar et mettre poétiquement à l'oeuvre. Cela va donner ces poèmes réguliers, cadencés, classiques, tout entiers occupés du spectacle de la nature, des saisons qui sont sa cadence à elle, et de la vie simple des hommes. De derrière le carreau de sa tour, Hölderlin, devenu campagnard, humble parmi les humbles, met son esprit et ce trésor de l'homme qu'est sa langue, au service de la pure contemplation d'un paysage soumis aux lois du temps. Et ces variations sur un même thème, loin d'être l'effet d'une incapacité pathologique à faire autrement et mieux, le sont d'une volonté farouche, délibérée et explicite, de mettre enfin l'Esprit à l'unisson de la Nature, ce qui fut le grand rêve de tous les idéalistes allemands. Et il semble qu'il y réussisse. Hölderlin est peut-être fou, mais il n'est pas dit qu'il soit malheureux. On dirait plutôt qu'il fait, jour après jour, poème après poème, son salut, et que sa douleur est celle des conquérants. Peut-être après tout faudrait-il dire : Poèmes de la Sagesse de Hölderlin.

Exemplaires :
0610

Date d'ajout : 03/04/2008
Note : Pas de note

 
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