Francis blog

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Etymologie

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vendredi, 18 octobre 2013

Le français ce n'est pas facile

Exemples :

Le plus long mot palindrome de la langue française est « ressasser ». C'est le seul qui se lise dans les deux sens.
Institutionnalisation est le plus long lipogramme en « e ». C'est-à-dire qu'il ne comporte aucun « e ».
Pérec a écrit le roman lipogramme le plus long en langue française. La disparition ne comporte jamais la lettre e. Il faut sans doute comprendre sans" eux", ses parents morts dans les camps nazis.
L'anagramme de guérison est soigneur.
Endolori est l'anagramme de son antonyme indolore, ce qui est très paradoxal.
Squelette est le seul mot masculin qui se finit en « ette ».
est le seul mot contenant un « u » avec un accent grave. Il a aussi une touche de clavier à lui tout seul !
Le mot simple ne rime avec aucun autre mot. Tout comme triomphe, quatorze, quinze, pauvre, meurtre, monstre, belge, goinfre ou larve.
Délice, amour et orgue ont la particularité d'être de genre masculin au singulier et féminin au pluriel. Toutefois, peu sont ceux qui acceptent l'amour au pluriel. :) Ils ont tort.
Oiseau
est avec 7 lettres, le plus long mot dont on ne prononce aucune des lettres : [o], [i], [s], [e], [a], [u], [x] . C'est aussi le plus petit mot de langue française contenant toutes les voyelles.

Curieux notre français, n'est-ce pas ?
Je dirais plutôt compliqué....

En français : deux mots composés des mêmes lettres se prononcent toujours de la même façon
?
En êtes-vous bien sûr ?
Voici quelques exemples d'homographes de prononciations différentes ! (On appelle homographes et non homophones des mots qui s'écrivent de la même façon mais se prononcent différemment selon leur sens).
Sortant de l'abbaye où les poules du couvent couvent, je vis ces vis. Nous portions nos portions, lorsque mes fils ont cassé les fils. Je suis content qu'ils vous content cette histoire.
Mon premier fils est de l'est, il est fier et l'on peut s'y fier.
Ils n'ont pas un caractère violent et ne violent pas leurs promesses. Leurs femmes se parent de fleurs pour leur parent.
Elles ne se négligent pas, je suis plus négligent.
Elles excellent à composer un excellent repas avec des poissons qui affluent de l'affluent.
Il convient qu'elles convient leurs amis, elles expédient une lettre pour les inviter, c'est un bon expédient.
Il serait bien que nous éditions cette histoire pour en réaliser de belles éditions.

Voyons aussi quelques exemples d'homographes de même prononciation :
Cette dame qui dame le sol, je vais d'abord te dire qu'elle est d'abord agréable.
A Calais, où je calais ma voiture, le mousse grattait la mousse de la coque.
Le bruit dérangea une grue, elle alla se percher sur la grue.
On ne badine pas avec une badine en mangeant des éclairs au chocolat à la lueur des éclairs.
En découvrant le palais royal, il en eut le palais asséché, je ne pense pas qu'il faille relever la faille de mon raisonnement.

Voici l'exemple le plus extraordinaire de la langue française !
Le ver allait vers le verre vert.

Dans une main, j'ai un VER de terre et dans l'autre, un VERRE d'eau.
J'ouvre les deux mains et les deux (???) tombent.
Comment écrire cette phrase ?

Transmis par D.C.

On pourra également se délecter de la page du "Jardin de Joeliah" sur ce sujet.


mardi, 17 juillet 2012

Canicule

Deux étymologies sont possibles pour le mot canicule qui, je vous le rappelle, compte-tenu de la température actuelle en Anjou, en Aunis, en Saintonge signifie "époque de grande chaleur". Celle-ci (la canicule) étant censée commencer le 22 juillet et se terminer le 23 août, période pendant laquelle Sirius se lève et se couche avec le soleil (c'est ce que dit le petit Robert, un copain à moi).

C'est donc l'apparition de Sirius, étoile de la constellation du grand chien (Canis Majoris), la plus brillante du ciel après le Soleil (les éclats de la Lune, Vénus, Jupiter et Mars peuvent surpasser celui de Sirius, mais ce ne sont pas des étoiles) qui serait à l'origine du mot canicule (canicula signifiant petite chienne en latin).

Dans l’ancienne Égypte, Sirius qui a pour nom Sothis est identifiée à la déesse Isis. Son lever hélégiaque (c'est le moment où elle devient visible à l'est au-dessus de l'horizon à l'aube) coïncidait avec le solstice d’été et annonçait l’arrivée de la crue du Nil ; la constellation du chien était représentée par Anubis.



Les Romains appelaient également Sirius « Canicula ». Le terme latin Sirius est emprunté au grec et signifierait « brillant » ou « brûlant ».
"Sirius calcinait nos campagnes stériles, les plantes séchaient, le blé malade nous refusait ce qui fait vivre." Virgile, Enéide, 3, 141
Voilà pour la première étymologie possible.

Il en est une autre, qui a ma préférence.
Dans la représentation mythologique de la constellation du Grand Chien, Sirius correspond tantôt à la truffe du chien, tantôt à l’œil qui surveille la constellation du Lièvre.
Et si Sirius est l’œil du chien, l'étymologie peut alors être différente puisque chien se dit canis et oeil oculus en latin. Canis - oculus pouvant fort bien donner canicule !

A partir du 23 juillet, guettez l’œil du chien et préparez-vous à changer d'oripeaux (de aurum, or et pellis, peau.).



A visiter :

- la société d'astronomie de Rennes
- Ciel des Hommes
- NASA

- Pour les amateurs d'Harry Potter - Sirius Black

mardi, 20 mars 2012

Con

L'étymologie du mot con est relativement controversée.
L'approche la plus plausible (?) ferait de ce mot un dérivé de cunnus, mot latin désignant le sexe de la femme.
Ce dernier serait dérivé de cuneus, qui signifie coin et que l'on retrouve dans cunéiforme, (en forme de coin) à cause de la forme du stylet utilisé.

Une approche plus poétique ferait du mot con un dérivé de conil, le nom du lapin en vieux français. Terme que l'on retrouve dans le mot espagnol conejo et dans cuniculture, l'élevage des lapins et dans d'autres mots commençant par cuni...

Au moyen-âge, conil était utilisé pour désigner de façon allusive et coquine le sexe de la femme ; ce qui permettait de ne pas utiliser le mot tout en parlant de la chose (ça continue avec le chat, y compris celui de la mère Michel).

"C'est au point que dès le XVe siècle le pauvre petit quadrupède avait un nom imprononçable, et qu'il fallut lui en trouver un autre. On l'appela lapin ce qui d'ailleurs lui allait bien. Néanmoins le connil, animal, avait eu le temps de léguer, au connil, sexe, toute sa fâcheuse réputation de niaiserie, de lâcheté, voire de manque de cervelle - on disait alors -avoir une mémoire de connil, etc."
(1)

tapisserie la dame à la licorne


Mais pourquoi lapin ?
C'est un dérivé de lièvre (lepus en latin). Le lapin européen est un oryctolagus cuniculus du grec Oryct qui signifie creuser (il fait des terriers contrairement au lièvre) et lagus qui signifie lièvre, cuniculus étant de racine ibère (on y revient).
Il fait partie de l'ordre des Lagomorphes (littéralement ceux qui ressemblent au lièvre).

Tout ceci n'explique cependant pas l'autre sens de "con" : crétin, imbécile, etc.
L'approche misogyne est vraisemblable, mais sans doute insuffisante.
Une autre approche possible est le mot cornard, celui qui porte des cornes, qui serait progressivement devenu connard puis par apocope, con.

Mais celle-ci est contestée par l'un des rédacteurs de Wikipédia : "Il est à noter que les patronymes Conne, Connard, Connart et variantes n'ont aucun rapport étymologique avec le mot con : en Europe continentale, ils proviennent du germanique con (hardt) signifiant - brave et dur - (à rapprocher du néerlandais koen, « courageux » et de l'anglais hard, « dur »). Chez les personnes d’origine irlandaise, Connard et Connart sont des dérivés de Connacht."



Vous aimez le lapin, vous aimerez la vidéo des têtes à claques

Aragon :"C'est dans ce sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l'enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir." (le con d'Irène).

Les cons selon Brassens :




A visiter :

- la photothèque du lapin

(1) Claude Duneton - la puce à l'oreille - éditions Stock page 55

samedi, 10 mars 2012

Salope, salaud

L'origine du mot salope proviendrait d'une déformation de l'expression sale huppe, qualificatif utilisé pour désigner la huppe fasciée, (Upupa epops), dont le nid était réputé sale et nauséabond. C'est sans doute pourquoi elle est aussi nommée pue pue dans certaines régions.

huppe
Le nom de huppe lui aurait été donné en correspondance avec son cri qui est approximativement "houp oup oup".
Mais d'autres origines proposent le mot francique hope littéralement oiseau sauteur.
En allemand, sautiller se dit hüpfen, racine que l'on retrouve dans le nom anglais de la sauterelle grasshopper, qui saute donc dans l'herbe comme ce nom le précise.

Le sort de la huppe est malheureusement peu enviable. La plupart des zoologues sont formels, elle subit, plus qu'il n'est tolérable, les avanies et ricanements de certaines hyènes des deux sexes.

Exemple :


La huppe pupute. Vous pouvez entendre ci-dessous son joli chant.


Le mot salope (au masculin) désignait autrefois, en chapellerie, un coussinet de tissu enduit de suif destiné à graisser les fers à repasser. Le terme garde cependant, aujourd'hui, une partie de sa signification. Utilisé, il vous coiffe pour l'hiver.
L'étymologie de salaud est plus confuse, quoique cernable dans bien des cas.
Il serait dérivé du mot sale, qui viendrait lui-même du francique salo et ferait cette fois référence au cochon (en allemand Sau, truie).
On retrouve dans la finale "o" ou "aud" une survivance du suffixe germanique toujours présent dans saligaud qui est la forme wallone et picarde de ce mot.
La plupart des "Salaud" sont situés en Loire-Atlantique et en Vendée. Je parle du nom de certaines familles, bien entendu.
Pour entendre d'autres cris d'animaux, deux sites sont à visiter.
- Les concerts de la vie sauvage.
- oiseaux.net avec 1942 fiches.

Ah, j'oubliais, le mot hyène est issu d'un mot du grec ancien hýaina qui signifie porc !


jeudi, 1 juillet 2010

Etoile

desir





Intéressante l'étymologie du mot désir !

Deux mots latins sont nécessaires pour en comprendre les sens (l'essence ?) : considerare et desiderare.
Racine sidus (l'astre, l'étoile), pluriel sideria (sidéral isn't-it !).
A noter que désastre a une étymologie similaire.
A Rome, les devins interprétaient le ciel, les étoiles, le tonnerre, les éclairs, les oiseaux, les vents pour connaître les volontés de Jupiter. Partir en guerre, construire un temple, choisir un destin exigeaient la consultation des auspices.
Con-siderare ou de-siderare signifiait donc la présence ou l'absence de l'augure.
Voilà ce qu'en dit André Comte-Sponville dans un interview pour Nouvelles clés.

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jeudi, 25 février 2010

Prendre son pied


Jean-Honoré FRAGONARD (Grasse, 1732 - Paris, 1806) Le Verrou - Vers 1777

Si l'expression a littéralement explosé dans l'usage, elle est loin d'être de création récente.(1)
Elle est toujours synonyme de "jouissance" mais dans des sens différents.
"Prendre son pied", (le pied, ancienne mesure d'environ 33 cm), désignait dès le XIXe siècle la "mesure", la part qui revient à chaque voleur dans le partage du butin, dont il aura la "jouissance".
G. Esnault(2) relève pour 1872 : « Mon pied, ou je casse ! » (je dénonce). Selon les mêmes sources, il entre aussi dans plusieurs locutions populaires : « J'en ai mon pied ! J'en ai assez ou plus qu'assez (1878). Ça fait le pied, c'est juste (1894). Chacun pour son pied, chacun pour soi. »
D'après d'autres sources, l'expression « prendre son pied » serait plus ancienne. Elle proviendrait de l'époque des corsaires ? Quand ils revenaient au port, ils partageaient le butin : un tiers pour le Roi, un tiers pour l'armateur et le dernier tiers à se partager entre eux en faisant des piles de pièces d'or de la hauteur d'un pied. [...] Prendre son pied c'est donc prendre sa part. [...] ou, pour utiliser un argot plus ancien (avant le XIXe siècle), « prendre son fade ».
En fait, l'expression « prendre son pied » avait déjà une longue carrière derrière elle, mais au sens exclusif de "jouissance sexuelle", telle qu'elle est presque exclusivement utilisée aujourd'hui.
L'expression est popularisée en 1936 dans Mort à crédit de Céline : « Le râleux facteur l'a surprise un soir, derrière la chapelle, à l'extrémité du hameau, qui prenait joliment son pied avec Tatave, Jules et Julien ! »
Mais "le pied" dans son acception sexuelle était déjà utilisé à l'époque d'Aristophane !
En 411 avant notre ère, Aristophane écrivait Lysistrata(3), (littéralement "celle qui dissout les armées") une comédie (déjà assez féministe) dans laquelle des femmes venues des quatre coins de Grèce, décident de faire la grève du sexe tant que leur maris ne feront pas la paix.
Extraits :

LYSISTRATA. - Qu'on apporte une coupe et une amphore.
MYRRHINE. - O chères amies, quelle énorme cruche ! Comme cette coupe va répandre la joie !...
LYSISTRATA. - Pose-la, et mets la main sur la victime. Persuasion souveraine, et toi, coupe de l'amitié, recevez ce sacrifice, et soyez favorables aux voeux des femmes !
MYRRHINE. Quel beau sang ! que la couleur en est vermeille !
LAMPITO. - Par Castor, il a un bouquet délicieux.
LYSISTRATA.- O femmes, laissez-moi jurer la première !
MYRRHINE. - Non, par Vénus ! il faut tirer au sort.
LYSISTRATA. - Lampito, et vous autres, mettez toutes la main sur la coupe, et qu'une seule répète en votre nom ce que je vais dire ; vous ferez le même serment, et vous vous obligerez à l'observer : Aucun amant ni aucun époux...
MYRRHINE. - "Aucun amant ni aucun époux..."
LYSISTRATA. - Ne pourra m'approcher... Répète.
MYRRHINE. - "Ne pourra m'approcher..." Ah! mes genoux fléchissent Lysistrata !
LYSISTRATA. - Je mènerai chez moi une vie chaste...
MYRRHINE. "Je mènerai chez moi une vie chaste..."
LYSISTRATA. - Vêtue de robe légère, et parée...
MYRRHINE. - "Vêtue de robe légère, et parée..."
LYSISTRATA. - Afin d'exciter les désirs de mon époux.
MYRRHINE. - "Afin d'exciter les désirs de mon époux."
LYSISTRATA. - Jamais je ne m'y prêterai de bon gré.
MYRRHINE.- "Jamais je ne m'y prêterai de bon gré."
LYSISTRATA. - Et s'il me prend de force...
MYRRHINE. - "Et s'il me prend de force..."
LYSISTRATA. - Je ne ferai rien que de mauvaise grâce et avec froideur.
MYRRHINE. - "Je ne ferai rien que de mauvaise grâce et avec froideur."
LYSISTRATA. - Je n'élèverai pas mes pieds au plafond.
MYRRHINE. - "Je n'élèverai pas mes pieds au plafond."
LYSISTRATA. - Je ne m'accroupirai pas comme la figure de lionne qu'on met sur les manches de couteau.
MYRRHINE. - "Je ne m'accroupirai pas comme la figure de lionne qu'on met sur les manches de couteau."
LYSISTRATA. - Puissé-je boire de ce vin, si je reste fidèle à mon serment !
MYRRHINE. - "Puissé-je boire de ce vin, si je reste fidèle à mon serment !"
LYSISTRATA. - Si je l'enfreins, que cette coupe se remplisse d'eau !
MYRRHINE. - "Si je l'enfreins, que cette coupe se remplisse d'eau !"
LYSISTRATA. - Le jurez-vous toutes ?
CALONICE. - Oui, nous le jurons.




"Prendre son pied" suppose finalement, quel que soit le sens utilisé, une notion de partage équitable, chacun devant trouver dans ce partage, qu'il soit ou non sexuel, sa juste part.

FD
________________________________________________________________________
(1) Claude Duneton - La puce à l'oreille - Stock 1979
(2) Gaston Esnault - Dictionnaire historique des argots français. Paris : Larousse, 1965
(3) Aristophane - Lysistrata - Arléa poche

mardi, 16 février 2010

Capilotracté

Un site très divertissant, la Page officielle de défense et illustration de la langue xyloglotte propose des mots inventés à partir de racines grecques. Je vous en propose une flopée (si si c'est français) dans laquelle j'ai glissé quelques mots existants.
  • alvéopyge : personne particulierement énervante (un trou du cul)
  • anadyomène : qui sort de l'eau
  • aporétique : peut-être bien que oui, peut-être bien que non
  • balnéocantatophile : qui aime chanter dans son bain.
  • pelliculopyge : extrêmement onéreux, qui coûte la peau des fesses
  • bathysylvivesperosonobuccinophile : (n. m) personne qui aime le son du cor, le soir au fond des bois.
  • capilloéradicatoire : à s'arracher les cheveux
  • céphalorectal : qui a la tête dans le cul
  • Contumélie : injure
  • défenestropécuniaire : qui revient à jeter l'argent par les fenêtres
  • gastronolatinophonie : latin de cuisine
  • gastéropodoconchyliphagomanie : compulsion à manger les escargots avec leur coquille.
  • gérontopropulsion prurigineuse : abus d'excès caractérisé par trop d'exagération (se fait quand on pousse mémé dans les orties)
  • incognoscible : que je ne comprends pas, les autres aussi
  • humainemutocyprinéen : muet comme une carpe (la carpe étant un Cyprinée)
  • nodocéphale : tête de noeud
  • ovocéphale : énarque
  • pédagogue : pot de chambre pour enfants
  • pseudopyge : faux-cul
  • pyropyge : à vous de trouver c'est trop facile
  • rhinopharyngite : rhume de pachyderme
  • stéatopyge : très fessu
  • vésicolanternomane : qui a l'habitude de prendre des vessies pour des lanternes
  • woolfophobe : qui a peur de Virginia Woolf

vendredi, 14 août 2009

Fornication Under Control of the King

Ce n'est pas une nouveauté ! On ne peut pas croire tout ce qu'il y a dans les journaux, sauf si on veut être complice ou lire ce que l'on a envie d'entendre. C'est le gros de la clientèle du Figaro, de l'Huma, Monde et vie... je vous laisse le soin de compléter en fonction de vos orientations personnelles.
Avec internet, le problème est le même. On y trouve des sites et des billets partisans, beaucoup d'erreurs ou de délires pour ne pas dire pire.
Exemple : revenant d'Angleterre ou certains utilisent FUCK à chaque phrase, un peu comme d'autres dans le sud-ouest pensent que PUTAIN est une virgule, je décide de chercher son étymologie.
Remarquez, je m'en fiche un peu de FUCK ou de PUTAIN. Avé l'assent ça peut être assez joli et puis chacun s'exprime comme il veut hein !
Bon je m'égare.
Je me décide donc à chercher l'étymologie du mot sur le net.
fuckup
Premières recherches. F.U.C.K. est un acronyme dont l'origine serait la suivante.
Sous le règne d'Henri VIII, qui aimait beaucoup le pouvoir et la couleur bleue (tiens un zeugme !), la population anglaise aurait dramatiquement diminué suite à des épidémies et des guerres.
Ce cher Henri the eighth (note perso : pas Mouz), doux personnage pas misogyne pour deux souverains (c'était la monnaie de l'époque), anticipateur de la guillotine genre manuel, était inquiet pour l'avenir de son pays, d'autant plus motivé par la chose que ce maraud était infoutu d'engendrer un héritier mâle.
Et goddam ! constatant le nombre de bagnards et de prostituées dans le Royaume, il décidât de faciliter leur rencontre pour repeupler le pays, rencontres qui auraient été nommées : «Fornication Under Control of the King», F.U.C.K.
Dans une autre version webienne l'expression serait «For Unlawful Carnal Knowledge».
Délires.
Tout cela n'est pas si grave après tout, il y a aussi beaucoup de stupidités dans les livres et les journaux... Il faut vérifier ses sources et pas n'importe où, et plusieurs fois. L'internet est une grande ville. Il n'est pas recommandé de se promener n'importe où, dans n'importe quelle rue et n'importe quelle maison !
Bon je me re-égare.
Dans le cas de "fuck", la forme écrite est attestée dès 1503 sous la forme fukkit ; le mot aurait été utilisé dans un texte intitulé "Flen flyys" écrit par un "fucking bastard".
Extrait :

Non sunt in celi
quia fuccant uuiuys of heli


«Ils [les moines] n'iront pas dans le ciel, car ils «fuck» les épouses d'Elie.»
L'utilisation la plus ancienne serait écossaise, ce qui suggère une origine scandinave, peut-être d'un mot semblable au norvégien dialectal fukka ou au suédois dialectal focka "copuler" ou fock "pénis". Le mot français "foutre" serait de la même origine.
Mais l'utilisation de la chose comme insulte serait encore plus ancienne. Un texte juridique égyptien de la 23e dynastie (749-21 avant JC) utilise souvent l'expression: «Si vous ne respectez pas ce décret, un âne copulera avec vous ! ».
Et ben voilà, intéressant l'étymologie non !
Juste une petite dernière pour le fun. A l'origine le mot cabale (cabal in english) serait à la fois un acrostiche et un acronyme. J'explique. Sous Charles II (the king), cinq ministres intrigues, Clifford, Arlington, Buckingham, Ashley et Lauderdale : C. A. B. A. L.
Et ?
Et non, le mot existait avant, mais le peuple anglais lui donna cette connotation politique temporaire assez amusante.
La prochaine fois je vous parlerai de l'étymologie de M.E.R.D.E. qui pourrait être l'acronyme d'un «navire de bas en transit» dans l'histoire de la marine marchande du Grand-Duché de Lituanie.
Enfin peut-être.

mardi, 1 juillet 2008

J'ai la tête dans le coaltar

Eh oui, ça se prononce (kôl-tar), mais ça s'écrit coaltar !

C'est un goudron provenant de la distillation de la houille.
In english : coal (le charbon) et tar (le goudron). C'est donc un mot d'origine britannique. Enfin presque, puisque "coal" est une aphérèse, le mot complet est "charcoal" qui pourrait avoir comme origine "charbon" ; et "tar" pour origine "terre".

On retrouve le mot "Tar" (et éventuellement le motard) dans "tarmac", ce lieu où les avions attendent avant de se positionner sur la piste d'envol. Ils font de même après l'atterrissage, bien sûr !

Le tarmac, qui est lui-même une apocope de "tarmacadam".
Macadam étant, par surcroît, une aphérèse de la technique d'empierrement inventée par "John-Loudon McAdam", astucieux (I'll be dogoned, by Jove ! * ) ingénieur écossais (1756-1836), inventeur de ce système de revêtement des routes, le macadam.
Vous suivez ?

Donc, ce goudron de houille, d'apparence noirâtre, fit naitre la métaphore "avoir la tête dans le coaltar", expression certes populaire mais particulièrement illustrative d'une situation personnelle peu claire, généralement matitutinale, causée par l'ingestion de substances nocives mais délicieuses (as usual) pendant la courte nuit précédente.

Si, dès potron-minet, vous vous sentez vaseux, errez en cherchant la cafetière-qui-pourtant-était-encore-là-hier-soir, vitupérez sur la disparition de la boîte à sucre, marchez sur la voiture de pompiers du gamin, vous fracassant le dos sur le bord de la baignoire, vous avez, c'est certain, la tête dans le coaltar.

Compte tenu de votre niveau d'hébétude occasionnelle, la locution peut avantageusement être remplacée, avec moins de poésie toutefois, par "être dans le brouillard", "être dans le cirage", "être dans le gaz", ou "avoir la tête dans le C..." ; cette dernière expression, plus triviale, étant essentiellement réservée à nos amis sportifs, les seuls possédant soit la souplesse exigée pour réussir le mouvement avec un degré suffisant d'élégance, soit pratiquant un sport collectif (cyclisme, catch...) autorisant des approches plus "fondementales" du coéquipier.

Le coaltar ne mérite peut-être pas toute cette indignité !

Il fût très utile : pour imprégner les bois (par injection, enduit), comme désinfectant et antiseptique, dans le traitement du psoriasis. Il est encore utilisé aujourd'hui pour des choses rassurantes comme les colorants, les médicaments, les explosifs, les arômes alimentaires, les parfums, les édulcorants de synthèse, les peintures, les agents conservateurs, les insecticides, les résines, les antiseptiques, les décapants de peinture et les matières plastiques. Help !

Au XIXème siècle, il permettait de lutter contre la chute des cheveux !

Extrait d'une lettre de Guy de Maupassant à Madame Alexandre-César-Léopold Bizet dit Georges Bizet (la femme du type qui a écrit La Traviata Les pêcheurs de perles) :

"Je vais, Madame, vous envoyer une première méthode contre la chute des cheveux. Si elle ne réussit pas tout de suite, prévenez-moi et je vous indiquerai un autre système, car les cheveux tombent pour deux causes : premièrement, paralysie du cuir chevelu, provenant de la nature grasse de la peau ; deuxièmement, excès contraire, c'est-à-dire extrême sècheresse des cheveux.
Le premier cas est le plus fréquent. Donc vous laverez la racine des cheveux deux fois par semaine avec de l'eau chaude où vous aurez jeté (quelques minutes avant de vous en servir) dix ou quinze gouttes d'ammoniaque afin de la rendre propre à bien dissoudre le savon. Vous emploierez pour ce lavage du savon de glycérine sans parfum, celui de Rimmel est peut-être le meilleur, puis vous rincerez et frictionnerez la peau avec le mélange suivant : dans un verre d'eau tiède, vous verserez une cuillerée à café de coaltar saponiné de Lebeuf de Bayonne.
Le coaltar, que l'on trouve dans toutes les bonnes pharmacies, doit avoir l'apparence verdâtre et laiteuse, sans aucun dépôt au fond de la bouteille.
Si le liquide est léger et dépose, il est trop vieux.
Mais l'inconvénient de ce système est de mouiller beaucoup la tête, ce qui est désagréable pour les femmes. S'il ne vous va point, je vous indiquerai un autre remède que j'ai vu réussir souvent, mais que je n'ai pas employé.
Il faut toujours essuyer la peau le plus possible et la sécher complètement.
N'employez aucune pommade ni huile, mais de la brillantine, sans jamais en mettre sur la peau, car les corps gras empêchent le fonctionnement, la vie de l'épiderme."


coaltar_lebeuf.jpeg


On retrouve encore le goudron (tar) dans une autre expression anglo-saxonne : Tarring and feathering, le goudron et les plumes !
Cette torture, que s'inflige verbalement l'un de mes amis et qu'il utilise pour tenter de se faire pardonner ses erreurs les plus communes et futiles (nous ne savons rien des autres !), a été beaucoup pratiquée par les troupes britanniques lors de l'expédition d'Irlande en 1798 (braves anglais) et aux États-Unis, essentiellement contre la communauté afro-américaine.



Mais Richard the first (Coeur de Lion) l'utilisait déjà au 12ème siècle, lors des croisades, pour punir les traites et les voleurs. Le goudron chaud était versé préalablement sur la tête rasée du coupable.

"Richard par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre et duc de Normandie et de l'Aquitaine, et comte d'Anjou, à tous ses sujets qui sont sur le point d'aller par mer à Jérusalem, salut. [...] Celui qui tue un homme sur un navire sera attaché et jeté en mer. Mais s'il tue sur terre, il doit être attaché et enterré. S'il est convaincu par des témoins légaux d'avoir tiré son couteau contre un autre, et d'avoir frappé de façon à tirer le sang, il perd sa main. Mais s'il frappe avec son poing sans en tirer de sang, il est plongé trois fois dans la mer. Mais si l'un nargue ou insulte un camarade, chargé avec lui de la haine de Dieu, autant de fois que celui-ci lui a insulté, tant d'onces d'argent, il doit payer. Un voleur, en outre, reconnu coupable de vol, doit être tondu, du goudron en ébullition est versé sur la tête, et les plumes d'un coussin doit être secoué sur sa tête, afin que celui-ci soit connu du public et à la première terre où les navires [accosteront] il est jeté à terre.
En vertu de mon propre témoignage à Chinon."

Laws of Richard Concerning Crusaders Who Were to Go by Sea. 1189 A.D.


Réjouissez-vous braves gens quand vous avez la tête dans le coaltar, vous auriez pu, en d'autres temps, avoir aussi les plumes.

Sur une idée de Martine W.

* références destinées à mon copain Mathieu

samedi, 15 mars 2008

Sesquipedalian

arcimboldo.jpg
Giuseppe ARCIMBOLDO, Le Bibliothécaire (1565)


Sesquipedalian, mot anglais, du latin sesquipedalis, littéralement, long d'un pied et demi.
Sans équivalent en français (sesquipode ?), il désigne les mots longs et très longs.
Exemple en français : anticonstitutionnellement (25 lettres). Mais il y a mieux !

Aristophane dans la comédie "L'assemblée des femmes" (392 avant notre ère) utilise un mot de 170 caractères :

Lopadotemachoselachogaleokranioleipsanodrim-
hypotrimmatosilphioparaomelitokatakechymeno-
kichlepikossyphophattoperisteralektryonopteke-
phalliokigklopeleiolagoiosiraiobaphetraganopterygon

qui serait le nom d’un plat composé de toutes sortes de délicatesses, poissons, chairs, volailles et sauces !

En anglais, autre langue agglutinante, il existe un mot (?) de 1185 lettres !
Le nom du virus de la mosaïque du tabac :

A
ce
tyl

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