Jorge Francisco Isidoro Luis Borges Acevedo, le grand
Par F.D. le lundi, 16 février 2009, 23:11 - Poésies - Lien permanent
Las cosas
El bastón, las monedas, el llavero,
la dócil cerradura, las tardías
notas que no leerán los pocos días
que me quedan, los naipes y el tablero,
un libro y en sus páginas la ajada
violeta, monumento de una tarde
sin duda inolvidable y ya olvidada,
el rojo espejo occidental en que arde
una ilusoria aurora. ¡Cuántas cosas,
láminas, umbrales, atlas, copas, clavos,
nos sirven como tácitos esclavos,
ciegas y extrañamente sigilosas !
Durarán más allá de nuestro olvido ;
no sabrán nunca que nos hemos ido.
Les choses
La canne, les pièces de monnaies, le porte-clés,
la docile serrure, les tardives
notes qui ne liront pas le peu de jours
qui me reste, les cartes et l'échiquier,
un livre et entre ses pages la violette
fanée, monument à un après midi
sans doute inoubliable et déjà oublié,
le rouge miroir occidental où brûle
une illusoire aurore. Combien de choses,
lames, seuils, atlas, verres, clous,
nous servent comme de tacites esclaves,
aveugles et étrangement précautionneuses !
Elles dureront par delà notre oubli ;
elles ne sauront jamais que nous sommes partis.
Jorge Luis Borgès
Traduction en français de mes amis Lucia D.C. et René José LL.