«Tantôt c'est le corps qui se rend le premier à la vieillesse : parfois, c'est l'âme ; et en ai assez vu qui ont eu la cervelle affaiblie, avant l'estomac et les jambes ; et d'autant que c'est un mal peu sensible à qui le souffre et d'une obscure montre, d'autant est-il plus dangereux. Pour ce coup, je me plains des lois, non pas de quoi elles nous laissent trop tard à la besogne, mais de quoi elles nous y emploient trop tard. Il me semble que, considérant la faiblesse de notre vie, et à combien d'écueils ordinaires et naturels elle est exposée, on n'en devrait pas faire si grande part à la naissance, à l'oisiveté et à l'apprentissage. »

Michel Eyquem de Montaigne - Essais - Livre I - chapitre LVII - De l'âge