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Tag - Zhuang-Zi

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dimanche, 8 novembre 2009

Le rêve du papillon

Tchouang-tseu (Zhuang-Zi), philosophe taoïste vécut entre 300 et 400 ans avant notre ère. Originaire de la ville de Meng, qui était peut-être située au sud du fleuve jaune, quelque part dans la province actuelle du Henan, il occupa la charge de fonctionnaire subalterne d'une manufacture de laque et refusa le poste de Premier ministre que lui offrait le roi de la principauté de Chu.

Tchouang

Quelques citations de Tchouang-tseu :

"Le monde est un, il n’y a pas de genres ni de nations, l’homme ne s’oppose pas à l’animal, là où on impose un devoir on introduit un bandit, là où les lieux se prennent pour des principautés nationales, la guerre menace. Je ne vois ni mots ni notes ni lignes ni sexes : je vois des dragons, des fumées, des nuages et des oeuves. Il est possible de chanter comme le pinson quand on a le cœur léger. Les œuvres vraies sont indifférenciées. Leur motif est l’origine."

"Bien que les pieds de l'homme n'occupent qu'un petit coin de la terre, c'est par tout l'espace qu'il n'occupe pas que l'homme peut marcher sur la terre immense. Bien que l'intelligence de l'homme ne pénètre qu'une parcelle de la vérité totale, c'est par ce qu'elle ne pénètre pas que l'homme peut comprendre ce qu'est le ciel."


Par un bel après midi noyé de soleil, un dignitaire s'était aventuré sur les sentiers escarpés de la vallée profonde où Tchouang-tseu avait élu domicile.
Le mandarin, brillant lettré, qui avait passé tous les degrés des examens et obtenu un poste de conseiller auprès du roi, voulait poser au vieux Maître une question.
La chaumière était déserte, la porte grande ouverte. Des traces de sandales toutes fraîches, menaient à une prairie pentue.
Le dignitaire les suivit et découvrit Tchouang-tseu endormi à l'ombre d'un vieil arbre, la tête sur un coussin de fleurs des champs.
Le lettré toussota et le sage ouvrit les yeux.
- Ô maître, je viens de fort loin afin de vous interroger sur le Tao.
- Je ne sais si je pourrai te répondre, répondit Tchouang-tseu tout en se frottant les yeux.
- Vénérable,votre modestie vous honore.
- Cela n'a rien à voir, non ; à vrai dire je ne sais plus rien ni même qui je suis !
- Comment cela est il possible ?
- Oh, c'est très simple, repris le vieux sage ; figurez-vous que tout à l'heure j'ai fait un rêve étrange : j'étais un papillon voltigeant, ivre de lumière et du parfum des fleurs. Et maintenant, je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu ayant rêvé qu'il était un papillon ou un papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu !

Le conseiller du roi, bouche bée, s'inclina et retourna sur ses pas, ruminant cette parole énigmatique dans l'espoir d'en trouver le suc.


in Philosophes taoïstes (Lao-Tseu, Tchouang-Tseu, Lie-Tseu) - textes traduits, présentés et annotés par Liou Kia-hway et Benedyct Grynpas - Bibliothèque de La pléiade.



Champs irrigués en bordure de lac sous la brume et la pluie.
Wang Hui (1632-1717). Dynastie des Qing.


Ma queue dans la boue !

tchouang_tseu.gif


Alors que Tchouang Tseu pêchait à la ligne dans la rivière de P'ou, le Roi de Tch'ou envoya deux de ses grands officiers pour lui faire des avances.
Les deux officiers :
"Notre Prince désirerait vous confier la charge de son territoire."
Tchouang Tseu :
" J'ai entendu dire qu'il y a à Tch'ou une tortue sacrée morte depuis trois mille ans. Votre Roi conserve sa carapace dans un panier enveloppé d'un linge, dans le haut du temple de ses ancêtres. Dites-moi si cette tortue aurait préfèré vivre en traînant sa queue dans la boue ? "
Les deux officiers :
" Elle aurait préfèré vivre en traînant sa queue dans la boue. "
Tchouang Tseu :
" Allez-vous-en ! Je préfère moi aussi traîner ma queue dans la boue. "

in Philosophes Taoistes Lao-Tseu, Tchouang-Tseu, Lie-Tseu, Pléiade - NRF