dessin de jiho
d'après un dessin de Jiho


Je devrais me foutre comme de ma première chemise de la réintégration des affidés de Marcel Lefèbvre dans le giron du Vatican.
Mais j'ai de bonnes raisons de ne pas m'en foutre pas.
D'abord, j'ai des amis cathos-que-j'aime-bien, qui sont de vrais républicains, laïcs et tolérants.
Ils en bavent les cathos-que-j'aime-bien.
Ils ont des copines et des copains chrétiens divorcés, prêtres mariés, homosexuels, pour la contraception, les grossesses désirées, le droit de mourir dans la dignité... qui sont mis au ban (en allemand Reichsacht) et dans l'impossibilité d'accéder à certains actes, pour eux essentiels.
Dans le même temps, le pape et la hiérarchie ecclésiale vaticane tentent de réintégrer des évêques, prêtres, ouailles notoirement intégristes, négationnistes, proches de la droite la plus extrême.
Et ils acceptent ça. Belle indulgence !
J'ai d'autres raisons de ne pas m'en foutre pas et de ne pas laisser faire !
Si l'église catholique (oui, je connais l'antienne des cathos, l'église c'est nous les chrétiens pas seulement le Vatican, etc.) ne participe plus à des exactions comme elle l'a fait pendant de nombreux siècles, c'est tout simplement parce qu'elle n'a plus tout à fait le pouvoir de le faire.
Voire !
Le logiciel n'a pas été changé : cf. les pressions du Vatican sur le pouvoir politique italien (Berlu cretino !) lors de la fin de vie d'Eluana Englaro, les positions des églises polonaise, espagnole..., le développement de l'opus deï et de groupes d'influence douteux, l'attitude de l'église en Afrique, le discours de Ratisbonne,... et en France, les tentatives de remise en cause de la loi de 1905, la présence d'un ministre en exercice au conseil de la famille du Vatican, la reconnaissance par l'état des diplômes délivrés par des institutions catholiques, etc. La liste est trop longue.
Et en plus Bigard reçu par le pape ! (non je déconne :-) quoique ! )
Ils vont se bouger les cathos-que-j'aime-bien ?
Il semblerait que oui si j'en crois cet article de François Lagnau (professeur en classes préparatoires littéraires au lycée Edouard-Herriot de Lyon dans Le Monde du samedi 7 février 2009).

Non possumus !
  • Non, nous ne pouvons accepter que le pape multiplie les gestes de prévenance à l’égard de troupes marginales et passéistes, menées par des gourous autoproclamés qui n’en demandent pas tant !
  • Non, nous ne pouvons plus nous taire quand nous voyons notre Eglise (celle que nous formons et qui n’est pas la propriété du Vatican) ouvrir les bras aux fils prodigues réactionnaires, voire négationnistes, mais en chassant les progressistes.
  • Non, nous ne pouvons intégrer dans nos communautés paroissiales des fidèles avec lesquels il n’existe pas de réelle communion.
  • Non, nous ne pouvons plus qualifier de « souffrance » ou de « blessure », ce que nous ressentons, car cette fois, nous sommes vraiment en colère.
  • Non nous ne pouvons tolérer que de telles décisions, prises dans le secret des cabinets de la Curie, engagent la crédibilité de tous les catholiques du monde.
  • Non, nous ne pouvons supporter plus longtemps que s’ouvre toujours davantage le fossé entre l’institution ecclésiale et les réalités du monde moderne.
  • Non nous ne pouvons continuer de dire « amen » à tout ce qui nous scandalise dans le fonctionnement de cette gérontocratie bornée.
Si l’Eglise n’est aucunement un parti politique, avec une « droite » et avec une « gauche », elle est un corps vivant, celui du Christ. Que Benoît XVI prenne garde de ne pas l’écarteler !


Les cathos en manif avec banderoles devant les évêchés. J'aimerais bien voir ça.
Mais bon, c'est pas leur genre aux cathos, ça fait trop cégète. Dommage !
Je lui souhaite quand même bien du plaisir à l'ex-grand inquisiteur !

NB. : Vous pouvez aller relire ce billet écrit il y a quelques mois.

* Non possumus : réponse de Pierre et de Jean aux princes des prêtres, qui voulaient leur interdire le droit de prêcher l'Evangile :
«S'il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu'à Dieu, à vous d'en juger. Nous ne pouvons pas quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu.» (Actes des Apôtres, ch. IV, versets 19 et 20.)